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ÉDITORIAL


Dans ce numéro général (57:3), nous proposons d’abord quelques articles dont le point commun est de s’intéresser à la situation des élèves au regard de certains enjeux éducatifs comme la relation entre les élèves et les parents (Nadeau et al.), l’influence que peuvent avoir les plans d’intervention sur l’implication des parents auprès de leur enfant (Arapi, Tremblay et Larivée), ainsi que la perception d’élèves en difficulté d’apprentissage au sujet des pratiques enseignantes mise en place pour les soutenir (Bernier et al.). Une autre série d’articles s’intéresse à des approches d’enseignement, que ce soit l’enseignement du français (Falardeau et al.; Villeneuve-Lapointe et al.) ou l’exploitation des outils numériques (Ciocca et Cotnam-Kappel). Quelques articles abordent divers volets du métier d’enseignant par le biais des pratiques (Moreau et al.; Monney et al.), de l’insertion professionnelle (Coppe et al.) ou des approches de la diversité en formation (Tétreault et al.). Une autre série d’articles aborde l’éducation au post-secondaire en présentant une enquête sur le sentiment de compétence d’enseignants au collégial (Levasseur et Clément) et une étude sur la formation professionnelle des sages-femmes au Québec (Lafrance). Enfin, deux articles s’intéressent à l’inclusion en éducation au préscolaire (Paquet et al.) et au primaire dans un contexte d’intimidation (Tremblay et al.).

Derrière ces contributions, une équipe exceptionnelle d’éditeur.trice.s, de rédacteur.trice.s, de réviseur.euse.s linguistique et de mise en forme a travaillé d’arrache-pied pour produire un numéro de qualité. Nous souhaitons remercier les personnes qui ont permis la réalisation de ce numéro. D’abord, la directrice de la revue, madame Strong-Wilson qui répond avec promptitude aux multiples demandes de l’équipe et qui assure un processus uniforme de publication et un leadership rassembleur auprès de tous les membres de l’équipe. Il y a certainement les directrices de la rédaction, Isabel Meadowcroft et Emma Dollery qui méritent quelques éloges. Toutes deux, elles se sont impliquées dans la publication du numéro et dans la révision des différents articles qui le composent. Ce numéro ne serait pas d’une aussi bonne qualité s’il n’en était pas du travail rigoureux des réviseur.eure.s de la langue française : Charles Dagenais, Rianna Pain-Andrejin et Vanessa Zamora. Zachary Kay, bien qu'il soit l'un des rédacteurs du volet anglophone de la RSEM, il assiste fréquemment l'équipe pour les aider avec des aspects plus techniques en lien avec la rédaction et l'édition. Enfin, Kevin Péloquin, rédacteur francophone, a su assurer un processus d’évaluation par les pairs d’un des textes de ce numéro tandis que nous avons assuré le suivi pour les autres manuscrits. Nous souhaitons aussi souligner l’arrivée de Chantal Tremblay dans l’équipe depuis juin 2023. Même si elle est dans l’équipe depuis peu, elle a mis la main à la pâte pour ce numéro en vérifiant les textes une toute dernière fois avant leurs publications. Grâce au travail de toutes ces personnes, nous sommes fier.ère.s de vous présenter un numéro qui regroupe 13 articles selon cinq thématiques : 1) les recherches sur les élèves en formation générale des jeunes; 2) les approches en éducation; 3) le métier d’enseignant au primaire et au secondaire; 4) l’enseignement postscondaire et 5) l’inclusion.

L’étude de Nadeau, Lessard et Deslandes explore les liens entre les perceptions des élèves de premier cycle du secondaire, résidant dans un quartier socioéconomique défavorisé, et leur risque de décrochage scolaire. Les résultats montrent que la perception qu'ont les élèves du style parental, de la participation des parents et du climat de classe peuvent prédire le risque de décrochage scolaire. Plus précisément, les interactions parent-adolescent et le climat de classe perçus par l'élève ont un impact significatif sur leur risque de décrochage scolaire. Cette étude met en lumière l'importance de considérer les perceptions des élèves dans la prévention du décrochage scolaire.

Dans leur étude sur l’influence que peut avoir le plan d’intervention (PI) sur l’implication des parents d’élèves ayant des difficultés, Arapi, Tremblay et Larivée arrivent à la conclusion que la présence d’un PI ne modifie pas de façon significative le niveau d’implication des parents dans leurs interactions avec l’équipe de l’école. Cette recherche exploratoire a été menée auprès de 108 parents ayant un enfant bénéficiant ou non d’un PI. En privilégiant l’analyse comparative des données qualitatives et quantitatives recueillies, les auteurs posent un regard critique et nuancé sur les formes que prend l’implication des parents d’élèves ayant un PI et des élèves sans PI et leurs représentations concernant les relations avec l’école. Les résultats de cette étude montrent que les différents acteurs du milieu scolaire doivent poursuivre leurs efforts pour sensibiliser et informer les parents sur les fonctions du PI afin de les encourager à s’impliquer davantage auprès de leur enfant.

L’article de Bernier, Gaudreau et Massé examine les perceptions des élèves ayant des difficultés comportementales concernant l'efficacité des pratiques de gestion de classe de leurs enseignants. Les résultats d'entretiens qualitatifs menés auprès de 14 élèves en classe d'adaptation scolaire au secondaire ont été analysés selon les cinq composantes de la gestion de classe et révèlent un large éventail de pratiques perçues efficaces par les participants en plus d’aborder l'influence de l'attitude des élèves envers l'école. La recherche met en lumière le fait que les perceptions des élèves concordent largement avec les pratiques recommandées par les recherches dans le domaine.

L’article de Falardeau, Lord et Sauvaire s’intéresse aux stratégies d’enseignement de l’écriture. À partir d’une approche interactionniste, ils explorent un modèle d’enseignement explicite qui va au-delà de la perspective uniquement béhavioriste de l’enseignement-apprentissage de la lecture. La stratégie expérimentée repose sur l’étayage, le guidage, le dialogue et la réflexion sur les savoirs et est au cœur d’une formation sur l’enseignement explicite des stratégies d’écriture à laquelle 39 enseignants du primaire et du secondaire ont participé. De cette enquête menée auprès des enseignants participants émane le constat que la formation n’a pas transformé de manière significative les pratiques enseignantes. Les auteurs en viennent à la conclusion que la formation doit être suivie d’un accompagnement soutenu qui tiendrait compte, entre autres, des conditions de pratique.

L’article de Villeneuve, Moreau et Blain met en évidence l'importance de l'enseignement formel de l'orthographe française pour assurer la réussite scolaire. L'étude documente les connaissances déclarées et enseignées par sept enseignantes du deuxième cycle du primaire. Les résultats révèlent que toutes les connaissances orthographiques ont été enseignées, même si les enseignantes en parlent peu dans les entrevues et les entretiens d'autoconfrontation. Ces résultats ont des implications pour l'amélioration de l'enseignement de l'orthographe dans les écoles primaires.

L’introduction et l’implantation de plus en plus poussée du numérique en éducation offre de nouvelles possibilités et de nouvelles approches, comme celles inspirées de la perspective Do it yourself qu’on appelle Maker. Cioccia et Cotnam-Kappel se penchent sur cette approche. Leur étude de cas menée auprès de deux enseignants illustre l’importance que peut prendre une planification dans l’action qui serait complémentaire à une planification fondée sur des objectifs. Puisque l’approche Maker repose en grande partie sur l’action et la collaboration entre les apprenants, il apparait pertinent d’adapter la planification en conséquence.

L’article de Moreau, Granger, Gingras et Lavoie présente une recherche menée avec et pour des enseignants du secondaire qui œuvrent en équipe interdisciplinaire et qui souhaitent améliorer leurs pratiques. Les auteurs présentent le fruit d’une étude menée avec une communauté d’apprentissage professionnelle implantée dans une équipe-école qui cherchait à trouver des moyens pour engager davantage les élèves dans leurs apprentissages et leur réussite. Les auteurs apportent un éclairage intéressant sur les enjeux liés au soutien d’équipe-école qui ont envie d’apporter des changements « durables » en matière de bonnes pratiques d’évaluation des apprentissages.

La contribution de Monney, Smith, Gagné et Simard-Côté s’intéresse à l’évaluation des apprentissages réalisés par des stagiaires. Des observations en classe ainsi que des entretiens d’autoconfrontation conduits auprès de cinq stagiaires en enseignement primaire révèlent qu’une minorité d’entre elles mobilise des savoirs théoriques dans leur planification et leur pratique d’évaluation des apprentissages des élèves. Ces résultats mettent en évidence l’importance d’assurer une plus grande continuité entre les cours universitaires et les stages afin d’assurer une meilleure mobilisation des savoirs dans la pratique.

L’insertion professionnelle d’enseignants de deuxième carrière est l’objet principal de l’article de Coppe, März et Raemdonck. L’étude de cas réalisée auprès de sept enseignants de deuxième carrière a permis d’identifier leurs perceptions de cette insertion ainsi que le contexte dans lequel ils se sont insérés. Les résultats exposent les principales difficultés liées aux aspects institutionnels, organisationnels et individuels auxquelles sont confrontées ces personnes enseignantes.



Les professionnels de différents milieux, notamment des services de santé et des services sociaux, sont de plus en plus amenés à desservir une clientèle diversifiée et cette nouvelle réalité requiert une formation appropriée. C’est sur cette question que se sont penchés Tétreault et ses collègues. En utilisant une méthode « café du monde », ils ont amené 41 intervenants de ces secteurs d’activité à discuter de leurs besoins de formation initiale et continue en matière de diversité. Les résultats mettent en évidence la nécessité de former explicitement les professionnels de ces domaines à faire face aux enjeux de la diversité des populations, notamment par un meilleur encadrement des stages et des modalités pédagogiques visant la décentration et la déconstruction de la normalité.

Levasseur et Clément ont mené une enquête sur l’importance du sentiment d’efficacité personnelle des enseignants pour la performance organisationnelle. Considérant les bouleversements qui touchent les systèmes éducatifs, les chercheuses considèrent essentiel de s’intéresser aux acteurs de ces systèmes. Une enquête menée par questionnaire auprès de 250 enseignants du niveau collégial éclaire les liens qui existent entre le sentiment d’efficacité personnelle des enseignants et la performance organisationnelle et met en évidence l’importance de s’intéresser aux diverses composantes de ces deux éléments.

Au Québec, la formation des sages-femmes est la responsabilité de préceptrices qui supervisent le travail en milieu de pratique. Pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette formation, Lafrance propose de circonscrire les actions d’enseignement et de supervision de ces préceptrices à l’intérieur du concept de représentations professionnelles. L’utilisation de ce concept permet à l’auteure de contextualiser les pratiques et le mode de pensée de ces professionnelles, nous donnant ainsi accès à un objet d’étude peu présent dans la recherche.

L'article de Paquet, Dionne, Rousseau et Dubé examine la collaboration intersectorielle dans les pratiques inclusives à la petite enfance, en se concentrant sur les expériences de collaboration du personnel éducatif et d'encadrement de milieux de garde. Les résultats de l'enquête en ligne auprès de 248 répondants, dont le personnel éducateur et le personnel d’encadrement de milieux de garde montrent que la collaboration avec les partenaires d'établissements ou d'organisations est généralement perçue de manière positive malgré les défis, tels que la planification conjointe de l'intervention.

Le dernier texte de ce numéro aborde la question de l’inclusion sous l’angle de l’intimidation auprès des élèves à besoins particuliers. La recension systématique des écrits réalisée par Tremblay, Poulin et Guimond a permis de faire ressortir les interventions et les effets de ses interventions sur le taux de victimisation et d’intimidation des élèves. Dix articles scientifiques d’origine américaine, européenne et australienne ont été sélectionnés au terme d’une sélection rigoureuse et bien explicitée dans cette contribution. L’analyse de ces textes a permis de faire ressortir les stratégies privilégiées par les enseignants et les différents facteurs qui peuvent influencer leurs interventions dans un tel contexte. L’article se termine par une réflexion sur la formation des enseignants et le soutien qui devrait leur être apporté lorsque ceux.celles-ci doivent intervenir auprès d’élèves à besoins particuliers victimes d’intimidation.



ALEXANDRE LANOIX, ÉMILIE TREMBLAY-WRAGG ET KEVIN PÉLOQUIN